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AAH : l’aide va-t-elle dépasser les 1000 € en avril 2024 ? La réponse des experts

L'Allocation Adulte Handicapé (AAH) est au cœur de l'actualité sociale en France, notamment en raison de la récente déconjugalisation des revenus du couple. En plus de ce changement majeur, une revalorisation est prévue pour le 1er avril 2024. D’après les déclarations du ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, l'AAH pourrait atteindre 1 016 € par mois à taux plein pour une personne seule. Cette hausse soulève cependant des questions et des inquiétudes sur la logique de son financement. Voici ce qu’il faut savoir sur le sujet.

Illustration : "AAH : l’aide va-t-elle dépasser les 1000 € en avril 2024 ? La réponse des experts"

Une hausse significative attendue

Le 1er avril de chaque année est une date clé pour les bénéficiaires de minima sociaux en France, y compris pour ceux de l'Allocation Adulte Handicapé (AAH). En 2024, l’AAH devrait connaître une augmentation de 4,6% en réponse aux prévisions d'inflation de 5% en 2023.

Cette mesure bénéficie également à d'autres prestations liées au handicap, comme l'Allocation d'éducation de l'enfant handicapé (AEEH) et l'Allocation journalière du proche aidant (AJPA). Dans un contexte économique où les prix des biens et services augmentent, cette revalorisation vise à protéger le pouvoir d'achat des personnes en situation de handicap.

Les départements en difficulté

L'annonce de la revalorisation de l'AAH a été accueillie avec un mélange d'optimisme et de préoccupation. En effet, si cette mesure est une avancée pour les personnes en situation de handicap, elle soulève cependant des inquiétudes du côté des départements, qui sont en grande partie responsables du financement de ces allocations.

Ces derniers sont déjà confrontés à des coûts élevés liés au financement du Revenu de Solidarité Active (RSA). Pour certains d'entre eux, l'enveloppe budgétaire consacrée au RSA est déjà conséquente et toute augmentation des dépenses sociales est perçue comme un fardeau supplémentaire. Dans ce contexte, l'annonce d'une hausse de l'AAH suscite des interrogations sur la capacité des départements à absorber cette charge financière additionnelle.

Un autre point de tension réside dans le fait que plusieurs départements estiment que l'État impose des dépenses supplémentaires sans fournir de compensation financière adéquate. Certains responsables locaux vont jusqu'à qualifier cette situation de « scandale », arguant que l'État devrait prendre en compte les réalités budgétaires des collectivités locales avant de mettre en place de telles mesures.

L'AAH toujours en deçà du seuil de pauvreté

Même si la revalorisation de l'AAH est appréciable, elle ne résout pas tous les problèmes. En effet, même avec cette augmentation, l'AAH resteraien deçà du seuil de pauvreté, fixé à 60 % du revenu médian, soit 1 102 € pour une personne seule en France. Ce constat soulève des questions éthiques et sociales sur la capacité du système à garantir un niveau de vie décent aux personnes en situation de handicap.

Le Conseil National Consultatif des Personnes Handicapées (CNCPH) a également pris position sur cette question. En janvier 2023, il a voté en faveur d'une mesure visant à aligner l'AAH sur le seuil de pauvreté. Cette prise de position montre un consensus croissant parmi les experts et les associations sur la nécessité de cette revalorisation.

Une revalorisation jugée « insuffisante » par certains

Selon le collectif Alerte, la date d'application de cette revalorisation, prévue pour avril 2024, risque d'être trop éloignée pour répondre aux besoins immédiats des personnes en situation de handicap car la précarité ne cesse d’augmenter en France.

Selon les derniers chiffres du réseau des Banques alimentaires, le nombre de personnes accueillies entre janvier et mars 2023 a augmenté de 9 % par rapport à la même période en 2022. De plus, le rythme de cette hausse a quadruplé par rapport à l'année précédente.