Escroquerie aux faux testaments : 5,6 millions d’euros détournés par un ancien notaire
Le 27 mars 2023, 9 personnes seront jugées pour escroquerie par le tribunal de Cusset, dans l’Allier. Elles sont accusées d’avoir falsifié des documents et d’avoir détourné indûment environ 5,6 millions d’euros de successions auprès de défunts sans héritiers. On vous donne plus de détails au sujet de cette affaire.
Une arnaque parfaitement ficelée
Le notaire Christophe Taurisson est un fin stratège. Il s’est rapproché de spécialistes dans différents domaines pour parvenir à ses fins : expert de la généalogie, responsable d’Ehpad de Fréjus, etc. Il a expliqué son arnaque à certains d'entre eux. Parmi ses dossiers, ceux qui étaient en attente avaient un point commun : pas d’héritier réservataire. L'homme va donc monter de toutes pièces des faux testaments avec des ayants droits fictifs. Avec l’aide de ses complices, il a pu détourner des sommes conséquentes.
Un dossier qui éveille les soupçons
Déjà en 2004, Christophe Taurisson avait éveillé des soupçons autour de lui. Il trempait dans des affaires sombres depuis un moment, mais c’est presque une décennie plus tard que l'une de ses consœurs va émettre des doutes à son sujet. Elle a été intriguée par un testament, dont elle n’avait pas la responsabilité, mais a douté de sa véracité. D'abord parce qu'il était sorti de nulle part, puis parce que la défunte était propriétaire de plus de cinquante biens.
D'ailleurs, cette dernière avait également signé plusieurs gros contrats d’assurance. En totalité, cela représentait la coquette somme de plus d’un million d’euros. La notaire soupçonneuse avait écrit, en 2012, qu'elle pensait que le testament n’émanait pas de la défunte. Ainsi, des suspicions existaient déjà bien avant que cette affaire n’éclate au grand jour.
Christophe Taurisson, l’affaire de trop
La disparition de Daniel Mazeas a sans doute été l'affaire de trop. Comme il avait perdu son épouse, les économies de ce chauffeur de taxi n'avaient malencontreusement pas d’acquéreur. Pourtant, trois mois après le drame, une Londonienne s'est manifestée. Elle a eu accès à un testament rédigé moins d’une semaine avant la tragédie, et a voulu faire valoir ses droits. Problème, un testament avait déjà été donné. Mais lorsqu’on a comparé cette preuve et celle détenue par l'huissier, le constat fut irrévocable : ce n'était pas la même écriture.
Le notaire avait fait appel à un complice en Turquie pour rédiger le papier. Estimant que personne ne risquait de faire de contrôle, il a développé son escroquerie jusqu’à devenir trop gourmand. Avec toutes ses fraudes, il était certain qu'il y avait peu de vérifications faites sur l’authenticité des testaments olographes, jusqu'à cette fois-ci.
Quels sont les avis émis par les avocats concernant cette affaire ?
Une fois que l’arnaque a été démantelée, les autorités compétentes ont constaté qu’au moins dix personnes étaient au courant de cette malversation. Toutes seront jugées vers la fin du printemps. Christophe Taurisson risquait gros, car il aurait récolté près de 6 millions d’euros avec sa supercherie. Parmi les biens dont l’adjudicateur malhonnête s’était emparé, il y avait même une maison. Celle-ci a été léguée à la commune de Lubersac et à la Ligue contre le cancer. Le malfaiteur a écopé d’une peine exemplaire, à la hauteur de l’outrage.
Précisons que les parties civiles ont été soulagées de la décision finale, bien qu'elle soit plus faible que celle attribuée en première instance, aux assises de la Haute-Vienne. En effet, douze ans avaient d'abord été prononcés, lesquels ont été réduits à dix ans de réclusion criminelle. Cela est dû au fait que l'accusé est tout de suite passé aux aveux, d'après Maître Isabelle Faure-Roche, l’avocate de la commune de Lubersac, qui s'est d'ailleurs portée partie civile. L’autre avocat de parties civiles, Maître Philippe Caétano, considère que c’est une peine juste et équilibrée. Bien qu’elle soit amoindrie, elle reste à la hauteur des faits commis, surtout en considérant les fonctions exercées par monsieur Taurisson.
Le prévenu a écopé d'une interdiction d’exercer une fonction qui se rapporte à l’autorité publique, d'après Laeticia Dauriac, avocate de la chambre interdépartementale des notaires. L’avocat du prévenu, Maître Stéphane Babonneau, estime que la peine est trop lourde. Selon lui, il n'existe pas de peines semblables pour des personnes ayant des responsabilités publiques, des mandats électifs. Christophe Taurisson bénéficie encore de la possibilité de se pourvoir en cassation pendant plusieurs jours.
Par Desruisseaux Audrey
Rédactrice
Depuis mon enfance, l'écriture a toujours été ma passion. Durant mes heures perdues, j'écrivais divers poèmes et petites histoires. Aujourd'hui, je rédige pour le web et c'est avec amour que je fais ça quotidiennement !